Témoignages de veuves et de veufs

Numéro vert : 0 800 49 46 27 (appel gratuit depuis un poste fixe)

Vous souhaitez nous faire part de votre témoignage ? Nous vous invitons à renseigner notre formulaire de contact.

VOS TÉMOIGNAGES

J’ai contacté Dialogue & Solidarité, car j’étais dans une impasse, ne sachant plus que faire pour alléger ma souffrance, mon chagrin qui était présent à chaque instant.

J’ai appelé Dialogue & Solidarité, car je souhaitais rencontrer d’autres personnes dans ma situation et pouvoir exprimer toute ma peine et mon ressenti. Partager avec des personnes concernées par les problèmes et les difficultés. Échanger des conseils, des adresses, créer de nouveaux liens pouvant se transformer en amitié.

Si j’ai appelé le numéro vert, c’était pour obtenir un soutien moral et sortir de ma solitude face à une épreuve difficile. Mon entourage ne me suffisait pas, j’ai souhaité dialoguer avec des personnes qui traversaient la même épreuve que moi.

 

Le groupe de parole m’a permis de dialoguer avec plusieurs personnes qui avaient comme moi perdu leur conjoint, échanger des idées pour pouvoir se reconstruire et aller de l’avant.

Au sein du groupe, le témoignage des autres personnes m’a permis de comprendre que mes réactions étaient normales alors que par moment je me croyais au bord de la folie tellement la souffrance était insupportable.

Le groupe m’a permis en premier lieu de réaliser que, contrairement à ce que l’on pense à ce moment-là, on n’est pas seul à vivre dans la détresse, que beaucoup de gens autour de nous vivent la même chose. Ensuite cela m’a permis de pouvoir raconter mon histoire, écouter celle des autres, trouver des résonnances, des similitudes dans leur récit. Au fil des mois, se rendre compte de l’évolution, du changement qui apparaît en chacun de nous.

D’abord, grâce au groupe j’ai pu voir que je n’étais plus seule dans sa souffrance et voir de telles similitudes dans la souffrance de l’autre est curieusement d’un grand réconfort pour ne pas tomber dans la folie. Enfin, on tombe sur quelqu’un qui comprend !

Se retrouver régulièrement, parler des problèmes que je rencontrais avec des personnes qui me comprenaient a été très important. J’ai appris que pleurer n’était pas un signe de faiblesse et qu’il ne fallait pas en avoir honte.

Ces réunions permettent d’évacuer un trop-plein d’émotion que l’entourage (famille ou voisinage) ne supporterait pas aussi longtemps.

Parler avec des personnes que l’on ne connaît pas est une aide, car on ne connaît des autres ni leur vie d’avant, ni leur conjoint, on est, tout simplement au début des personnes malheureuses, ayant besoin de parler et d’être entendues. Contrairement aux amis, à la famille, les autres ne font qu’écouter, ne se sentent pas obligés de donner leur avis ou des conseils. Au commencement du deuil, aucune parole n’est consolation, on le sait donc on écoute, on raconte, on sort toute la tristesse, la douleur qui est en nous et on sent que les autres comprennent.

Les groupes de parole sont essentiels et j’ai eu la chance de bénéficier de cette aide. Le fait d’avoir pu verbaliser toute cette douleur, toute cette peine ressentie, m’a certainement évité la somatisation, car je suis certaine qu’il est impossible de garder en soi cette souffrance sans avoir des séquelles physiques ou mentales. Il faut, pour animer ce groupe une personne compétente et efficace, qui laisse chaque participant s’exprimer librement, capable de nous expliquer pourquoi on ressent certaines choses, de nous « remettre sur les rails » si besoin et de nous aider à faire le point dans notre évolution. Béatrice m’a accompagné pendant cette période si difficile à vivre et je la remercie pour toute l’aide qu’elle m’a apportée.

 

Nous sommes allés interviewer Aude, participante au groupe de parole de l'espace de Troyes, lors de la conférence-débat « Comprendre, accompagner, se reconstruire après un veuvage », animée par le CIDFF de l'Aube.

vidéo

Dialogue & Solidarité

Aude

Plan sur le Logo de l'association Dialogue et Solidarité et sur le texte : Rencontre avec Aude, à Troyes en février 2015. Lors de la conférence-débat, animée par le CIDFF « Centre d’information des droits des femmes et des familles » de l'Aube « Comprendre, accompagner, se reconstruire après un veuvage ». À l'occasion des dix ans de l'association Dialogue et Solidarité.

Gros plan sur Aude

Question de Magali Montu :
Vous avez quel âge Aude ?

Réponse de Aude :
J'ai 30 ans.

Donc en fait des suites de ce qui est arrivé, j'ai reçu des courriers me disant que si je voulais, en fait parler que je pouvais être écouté donc il fallait que je téléphone.

J'ai reçu un courrier de la CAF et un courrier de Malakoff Médéric, me disant

Gros plan sur le centre des Arcades et sur le logo de Malakoff Médéric

Retour sur le visage d’Aude qu'il existait un groupe de parole j'ai téléphoné pour avoir un rendez-vous.

Donc au début on a eu un rendez-vous un rendez-vous toute seule avec la psychologue, ensuite ensuite j'ai intégré le groupe quand elle a jugé qu'on était apte à intégrer le groupe.

Quand j'ai reçu le courrier, au début, je ne savais pas trop que je ne savais pas que c'était un groupe de parole sur le coup je pensais que c'était une personne qui nous recevait comme ça du service qui nous l'a envoyé bien du service qui nous l'a envoyé.

C’est de là qu'on m'a expliqué que c'était un groupe, l'idée était intéressante. Je ne regrette pas aujourd'hui d'en faire partie. C'est vrai que d'écouter les histoires des autres ça aide beaucoup, déjà pour nous comprendre, parce qu'on n'est pas les seules personnes en deuil dans la perte d'une personne, donc ça permet de comprendre différentes sortes de deuil, même nous ça nous permet de comprendre certaines choses et d'accepter certaines choses aussi de voir certaines choses que l'on n’a pas forcément compris sur le coup en fait, c'est soudain, c'est un peu le brouillard cela aide beaucoup de parler à d'autres personnes que de sa famille, car on ne peut pas forcément parler à ses proches ou parler à la famille puisqu'ils sont déjà mal pour nous, alors si en plus on leur dit réellement comment on va ce n’est pas le but recherché de les attrister plus donc ça fait du bien de parler à des personnes dans le même cas pas forcément proches en fait.

Ma première venue c'était le 4 juillet en 2014, ça va faire huit mois que je viens au groupe de parole !

J'ai fait la connaissance d'une personne pour qui il lui est arrivé la même chose il y a quelques années, mais quatre ans en arrière. Elle avait elle-même le même âge que moi.

Pareil elle avait un petit garçon qui à l'époque quoi elle avait une petite fille qui à l'époque avait le même âge que Paul mon petit garçon, le fait de parler avec elle, je me suis aperçu que cela me faisait beaucoup de bien déjà parce que le fait de parler à quelqu'un qui avait la même expérience et qui avait une expérience plus ancienne qui m'a fait réfléchir sur pas mal de choses.

J'ai eu l'occasion de discuter peut-être trois, quatre fois avec elle, et oui je me suis aperçu que cela faisait du bien de parler à quelqu'un d'autre que sa famille c'est de là que j'ai eu l'idée de prendre contact pour... des suites du courrier que j'ai eue en fait.

On dit ce que l'on veut il n'y pas pas de tabou. Après comme dit souvent la personne qui organise les réunions, tout est entendable il n'y a pas de souci.

Je me souviens au début quand je venais je tenais un discours et c'est vrai que pour certaines personnes en fait, je voyais des têtes un peu... ça devait un peu les étonner.

En fait, avec le recul, je me dis maintenant je comprends. Il y a des choses qu'on va dire au début, puis en fait avec le temps d'en parler on se dit que c'est un peu incohérent. (rires)

Oui tout est entendable (silence).

Tout ce qu'on ressent après c'est le but, le but c'est de... dire à voix haute ce qu'on ressent à l'intérieur, sans jugement (silence) sans donner de la peine à quelqu'un, d'être libre, d’évacuer ce qu'on a l'intérieur.

C'est important on va dire, d'être libre, dans ces moments-là.

J'ai un petit garçon de quatre ans et un deuxième petit garçon de 2 ans. Ils sont petits, il y a certaines choses qu'ils ne comprennent pas, mais sinon, chez moi ce n'est pas un sujet tabou, en plus ils sont assez petits c'est beaucoup de questions, quand on en parle, après on parle pour leur faire du bien à eux, après on ne peut pas parler pour faire du bien à nous, parce qu’on ne peut par leur dire pareil réellement ce que l'on ressent c'est à nous d'être forts, ce n’est pas à eux d'être forts, donc on a pas le droit de baisser les bras devant eux, voilà pourquoi c'est bien de venir en réunion ressortir tout ce qu'on a à l'intérieur parce quand on est chez nous on doit tout garder ça permet d'extérioriser peut-être du stress, des angoisses, parce que des fois juste de le dire ben ça libère.

Juste d'en parler c'est on va dire, réconfortant. Quand ça arrive, tout est flou dans la tête, c'est le brouillard complet, donc c'est vrai c'est très déstabilisant et puis de pouvoir en parler avec des personnes qui peuvent avoir des réponses à certaines questions, certaines questions, certains sentiments qu'on ressent à l'intérieur tout est mélangé, tout est flou on n'arrive même pas à exprimer ce qu'on ressent nous à l'intérieur, de pouvoir le partager avec des personnes qui sont passées par là, le vécu est plus important, enfin pas plus important, mais... et puis avec d'autres personnes, puis c'est tout récent,  ça permet de... d'aider à plus ou moins à se comprendre soi-même.

Donc cela aide beaucoup. Donc oui après effectivement c'est plus facile après de s'exprimer avec des personnes de son entourage avec ses enfants, quand on va mieux à l'intérieur ça va beaucoup mieux ça fait moins de stress moins d’angoisses. De pouvoir refaire un peu le point de remettre un peu les choses en place bien ça aide beaucoup.

C'est à vous de me dire si (rires), si tout est bien exprimé, j’avoue que j'ai un peu perdu mes mots il y a eu plus de stress que prévu (rires).

Pour rien je ne louperai un rendez-vous du groupe, c'est vrai que cela apporte beaucoup la première réunion, je me suis dit, mais j'ai parlé, mais qu'est-ce que cela va apporter en fait, on ne s’en rend pas compte ça ne s'explique pas.

Je pense c'est de pouvoir extérioriser vraiment tout ce qu'on ressent je ne veux pas dire qu'on se libère, ça lâche un peu de pression à l'intérieur. (rires)

Dernier plan sur les remerciements à Aude, participante au groupe de parole et à Carole Gueguen, animatrice de l'espace Dialogue et Solidarité de Troyes

Interview réalisée par : Magali Montu, responsable de l' association Dialogue & Solidarité
Images et montage : Daniel Barbeau, OCIRP

Participant au groupe de parole de veuves et veufs en 2015

Même si je m'y attendais depuis peu et que je souhaitais qu'elle partît au plus tôt, compte tenu de son état excessivement dégradé et des grandes souffrances qu'elle endurait, cela m'a fait l'effet de cette fameuse bombe qui a éclaté il y a 69 ans.

La dévastation a été la même.

Pour moi, la terre s'est arrêtée de tourner. Elle n'était plus ronde, mais plate, comme un immense désert uniforme et dont on ne voit pas le bout. Comme un incommensurable océan dépourvu de vagues et à l'horizon indiscernable. Les 2 ou 3 jours suivants, emberlificoté dans les démarches de tout type, la paperasserie excessive de l'administration française et la recherche d'un établissement de pompes funèbres, mon esprit était accaparé par ces tâches ingrates.

Mais c'est après que la tristesse, le désespoir, la douleur et la souffrance ont commencé, avec force, pour me ravager de manière continue. Les amis venaient aux nouvelles et compatissaient, certes. Puis ils disparurent. Les enfants et les proches, tristes et désemparés, comme moi, éprouvaient également de la douleur, mais sans doute pas la même. Puis ils furent repris assez rapidement par leur travail et leurs enfants. Tout un monde qui accapare les êtres et met de côté leurs souffrances, jour après jour, jusqu'à l'installation de l'habitude qui les soulage puis les libère peu à peu.

Pour ma part, sans activité, je restais seul.

Seul dans cette demeure que je partageais il y a peu avec ma femme et dans laquelle nous vivions nos moments chaleureux et routiniers de vieilles personnes. Seul, à penser et ressasser ses derniers moments, très traumatisants pour ce qui me concerne puisque j'étais présent jusqu'à son dernier souffle. Seul à penser constamment à elle et à regretter de ne pas avoir fait assez. Seul avec une douleur qui devenait, chaque jour, de plus en plus vive. Et, tout de suite, m'est venu à l'esprit la phrase d'une chanson de Jacques Brel intitulée « les vieux » et qui dit « celui des 2 qui reste se retrouve en enfer ». C'est exactement ça.

Les jours passaient et je m'enfermais de plus en plus dans cet enfer dont il fallait que je sorte d'une certaine manière. Je me suis mis alors à rechercher activement sur internet des appuis, des groupes, des associations qui pourraient m'aider, me conseiller ou m'éclairer sur cette souffrance. De fil en aiguille, je suis tombé sur Dialogue & Solidarité que j'ai sollicité aussitôt.

Quelques jours après, Mme Cotton m'a contacté pour me demander mes souhaits spécifiques quant à l'aide qu'elle pourrait m'apporter. Au départ, ainsi que je l'avais remarqué dans le site Dialogue & Solidarité, je souhaitais participer rapidement à un groupe de personnes dans le même état d'affliction que moi et avec lesquelles je pourrais échanger sur les étapes de la douleur et peut-être le moyen de la surpasser de la meilleure façon. Après un petit entretien sur ce sujet au téléphone, Mme Cotton m'a proposé une rencontre afin de cerner plus précisément ce à quoi j'aspirais.

C'était le 4 juillet, jour de l'indépendance des USA où des millions de personnes faisaient la fête. Pour moi, c'était 2 mois de date à date après la mort de ma femme.

Mme Cotton m'a mis tout de suite à l'aise, m'offrant un café d'abord, puis m'expliquant que son bureau constituait un lieu qui m'était dévolu entièrement pour m'exprimer, voire laisser couler les larmes au besoin. Ce dont j'ai usé et abusé. C'est un espace qui m'est consacré totalement pendant le laps de temps accordé. J'ai pu ainsi exprimer la tristesse et le désespoir qui m'envahissaient, entrecoupés de larmes amères qui hachaient malheureusement ma narration. Dans ces moments d'émotions aquatiques intenses m'étouffant, Mme Cotton n'intervenait pas, attendant patiemment que je me ressaisisse et c'est tant mieux, car il n'est pas facile pour un homme de pleurer, surtout devant un tiers que l'on ne connaît pas.

Parfois, lorsque mon discours s'arrêtait, Mme Cotton m'apportait son aide par la reformulation de ce que j'avais exprimé, soulignant la normalité de mes réactions, de ce qu'il m'arrivait et ce que je ressentais. Elle continuait parfois sur l'orientation vers une piste que je pressentais peut-être, mais sur laquelle je n'avais pas encore mis le doigt. Par quelques questions elle réamorçait parfois mon monologue afin que j'exprime les douleurs enfouies en moi et qui me faisaient suffoquer.

5 séances ont eu lieu jusqu'à ce jour et sans que Mme Cotton ne me les imposât, me laissant à chaque fois le choix de les poursuivre. Mais ces entretiens individuels me permettaient tout d'abord et principalement de parler, étant en déficit de paroles. De dire ce qui me rongeait, de laisser partir un peu la soupape de la cocotte minute que j'étais devenu. Étant seul à longueur de journée, malgré de multiples essais de participation à des associations diverses, l'espace aménagé par Dialogue & Solidarité me permettait de m'exprimer et de laisser émerger les différentes composantes de cette douleur qui m'assaillait et me ravageait toujours.

S'il n'y avait pas de véritable dialogue, au sens où on l'entend habituellement, Mme Cotton me laissait toutefois extérioriser toute cette tristesse et ce désarroi puis, par des réponses ou des pistes différentes, par des paroles bien orientées, m'amenait à comprendre, admettre et supporter plus facilement ce deuil c'est-à-dire toutes ces douleurs, ces réflexions, ces angoisses et tourments que je retournais à longueur de journée, toute cette détresse, ce chagrin, ce calvaire qui m'étouffaient la plupart du temps.

Des explications, parfois plus ou moins étoffées suivant le sujet, me permettaient de mieux cerner le brouillard angoissant dans lequel j'étais enveloppé à longueur de journée.

Ces mots, à défaut de guérir les maux m'affectant profondément, me dessillaient les yeux sur cette maudite souffrance et la nécessité de la vivre le plus consciemment possible afin de la canaliser et, in fine, la maîtriser ou du moins la comprendre.

Voilà où j'en suis pour l'instant, attendant toutefois beaucoup du groupe de travail dans lequel j'ai demandé à être inclus.

Merci.

L'aide des institutions de prévoyance en cas de veuvage : un témoignage de Yaël Viron, bénévole au sein de l'association Dialogue & Solidarité.

vidéo

CTIP

"Je travaille comme bénévole pour l'association Dialogue & Solidarité.

C'est un espace d'accueil et d'écoute en cas de veuvage.

Depuis deux ans, j'anime avec un psychologue, chaque mois, un groupe de parole.

En ce qui me concerne, j'ai perdu mon mari en 2002, et j'ai moi-même participé à ce groupe.

Grâce à l'organisme assureur, qui est à l'origine de l'association, on reçoit des veufs ou des veuves.

Et c'est un espace où chacun peut s'exprimer sans être jugé.

La famille, c'est pas facile. Les amis sont mal à l'aise parce qu'ils ne savent pas vous rassurer.

Et là, on est vraiment dans une pleine écoute, et une solidarité aussi je vais dire.

Quand on est en deuil on se demande toujours : est-ce qu'on va pouvoir se sortir de la souffrance dans laquelle on est ?
Parce qu'on est dans un abîme, et ça paraît insurmontable.

Finalement, avec le temps, on s'aperçoit que le fait de pouvoir exprimer sa souffrance, il y a un travail souterrain de cicatrisation qui se fait.

Aujourd'hui, je vis vraiment intensément. Je vais dire que je goûte et je déguste tous les instants de la vie.

L'action sociale d'une institution de prévoyance, c'est apporter un soutien dans les situations difficiles."

En savoir + sur le veuvage et le deuil

Pour mieux comprendre le deuil et le veuvage, vous pouvez aussi consulter nos rubriques :

Haut de page